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Comprendre la CSRD et son impact sur les entreprises suisses

Dernière mise à jour : 18 sept.

L’Union européenne a mis en place plusieurs cadres visant à renforcer la transparence et la responsabilité des entreprises en matière de développement durable. Parmi ceux-ci, la directive sur les rapports sur le développement durable des entreprises (CSRD) se distingue par sa portée transformatrice qui aura des répercussions importantes non seulement au sein de l’UE, mais aussi pour les entreprises situées hors de ses frontières, notamment en Suisse.

 

Transition du NFRD au CSRD

La CSRD remplace la directive sur les rapports non financiers (NFRD), qui s’appliquait aux grandes entités d’intérêt public comptant plus de 500 salariés. La NFRD imposait à ces entreprises de divulguer des informations non financières liées aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Cependant, avec l’introduction de la CSRD, le champ d’application des rapports s’est considérablement élargi pour inclure un plus large éventail d’entreprises. Plus de 50 000 entreprises seront désormais tenues de rendre compte de leurs efforts en matière de développement durable, contre environ 11 000 dans le cadre de la NFRD. Ce changement représente une augmentation substantielle du nombre d’entreprises concernées et du niveau de détail requis dans les rapports sur le développement durable.

 

Caractéristiques principales du CSRD

La CSRD vise à améliorer la qualité et la comparabilité des rapports sur la durabilité dans l’ensemble de l’UE. Elle impose aux entreprises de rendre compte de leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance au moyen d’un cadre normalisé connu sous le nom de normes européennes de reporting sur la durabilité ( ESRS ). Cette normalisation garantit la cohérence et la fiabilité, ce qui permet aux parties prenantes d’évaluer plus facilement les performances ESG des entreprises. L’une des caractéristiques les plus notables de la CSRD est le concept de double matérialité, qui oblige les entreprises à rendre compte de deux domaines clés :

  • Matérialité financière : comment les questions de durabilité affectent la performance financière, les risques et les opportunités de l'entreprise.

  • Matérialité de l'impact : comment les activités de l'entreprise affectent l'environnement et la société.

 

Outre le CSRD, le règlement sur la publication d'informations en matière de durabilité dans le secteur financier ( SFDR ) et la taxonomie de l'UE fonctionnent ensemble pour garantir que les acteurs des marchés financiers divulguent les risques et les opportunités en matière de durabilité, tandis que la taxonomie classe les activités économiques qui sont durables sur le plan environnemental.

 

Qui doit signaler un incident ?

La CSRD s’appliquera à un large éventail d’entreprises, notamment :

  • Les grandes entreprises répondant à deux des critères suivants : plus de 250 salariés, 40 millions d'euros de chiffre d'affaires ou 20 millions d'euros d'actifs.

  • Les petites et moyennes entreprises (PME) cotées sur les marchés réglementés de l'UE, dont la publication des rapports est prévue pour 2026.

  • Les entreprises non européennes générant plus de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires au sein de l’UE, à condition qu’elles respectent des seuils spécifiques.

 

Le non-respect des exigences CSRD peut entraîner des sanctions financières et des atteintes à la réputation, les sanctions variant selon les États membres de l’UE.

 

Comment les entreprises suisses sont-elles affectées

Bien que la Suisse ne soit pas membre de l’UE, les entreprises suisses ressentiront probablement les effets de la CSRD en raison de leurs opérations transfrontalières et de leurs relations commerciales avec des partenaires basés dans l’UE. Les entreprises qui génèrent plus de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires au sein de l’UE ou qui possèdent des filiales dans l’UE seront tenues de se conformer aux normes de reporting CSRD.

 

Les entreprises suisses sont déjà soumises à des exigences de reporting extra-financier en vertu du Code des obligations suisse (art. 964a à 964c CO), mais celles-ci sont moins strictes que la CSRD. La loi suisse se concentre principalement sur la matérialité financière, tandis que la CSRD exige un examen plus approfondi de la matérialité financière et de l’impact. En outre, la CSRD impose une vérification externe des rapports de durabilité, ce qui n’est pas actuellement exigé par la réglementation suisse.

 

Les progrès de la Suisse vers l'alignement

La Suisse prend des mesures pour aligner ses normes de reporting non financier sur la CSRD. Le 6 septembre 2023, le Conseil fédéral suisse a lancé une consultation visant à renforcer ses exigences de reporting, en abaissant potentiellement le seuil à 250 salariés et en introduisant une vérification externe obligatoire. La consultation devrait se terminer en octobre 2024, et les décideurs politiques suisses ont indiqué leur volonté d'harmoniser les réglementations locales avec l'approche de durabilité de l'UE pour maintenir la compétitivité sur les marchés européens.

 

Les implications plus larges

Pour les entreprises suisses, la CSRD offre la possibilité de rester compétitives et transparentes sur les marchés internationaux. De nombreuses entreprises basées dans l’UE exigeront de leurs partenaires et fournisseurs suisses qu’ils se conforment aux normes ESG, notamment en matière de divulgation de l’empreinte carbone. Par conséquent, même les entreprises suisses qui ne sont pas directement soumises à la CSRD peuvent être amenées à adhérer à ses normes pour maintenir leurs relations commerciales avec les clients de l’UE.

 

En résumé, la CSRD représente une évolution significative vers une plus grande transparence et une plus grande responsabilité des entreprises. Bien que la législation suisse impose actuellement des obligations de reporting non financier moins strictes, les effets indirects de la CSRD sur les entreprises suisses seront profonds. En s’alignant de manière proactive sur les exigences de la CSRD, les entreprises suisses peuvent non seulement répondre aux attentes réglementaires émergentes, mais aussi se positionner comme leaders du mouvement mondial de développement durable.



Type d'entreprise

Critères : effectifs / CA M€ / Bilan M€

Rapports CSRD

Entreprises sous NFRD

> 500 employés

1/2 : CA >50M€ Ou Solde >25M€

2024 / 2025

Entreprises de l'UE

2/3 : > 250 emp. / CA > 50 M€ / Bal > 25 M€

2025 / 2026

Non coté dans l'UE

2/3 : > 250 emp. / CA > 50 M€ / Bal > 25 M€

2025 / 2026

PME cotées en bourse

> 10 emp. / CA > 900 k€ / Bal > 450 k€

2026 / 2027

Sociétés non européennes ayant des filiales ou des succursales dans l'UE

Chiffre d'affaires >150 M€ sur les 2 dernières années dans l'UE

& Filiale UE > 250 emp.

2028 / 2029


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